Final Fantasy Type-0 : impressions de la démo

C’était il y a cinq ans : Square Enix levait le voile sur un certain Final Fantasy Agito XIII, pendant portable du grand Final Fantasy XIII. Le chemin a été long, de changement de plateforme à changement de nom, et il est loin d’être terminé avant une hypothétique sortie européenne. C’est donc avec un certain plaisir, pour ne pas dire un souffle de soulagement, que l’on accueille cette démo jouable japonaise, à télécharger librement sur le site officiel du jeu. Final Fantasy Type-0, puisque c’est ainsi qu’il faut le nommer désormais, est toujours un pilier de la compilation Fabula Nova Crystallis, dont il affiche fièrement le logo avant l’écran titre. Mais il en montre une facette totalement différente et quelques petites heures dans cette première démo suffisent à en apprécier la singularité.

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Intitulée Natsubi (jour d’été, en japonais), cette démo gratuite propose un contenu assez conséquent, à tel point qu’il faut compter plusieurs heures avant de voir le bout de la dernière des quatre missions. Conçues apparemment pour les besoins de cette démonstration, les missions sont de difficulté croissante et se soldent toujours par une courte cinématique dévoilant un peu l’histoire du jeu. A cela vient s’ajouter une quête secondaire visant à recueillir des tenues d’été spéciales pour les 14 personnages jouables, celles-ci sont inutilisables dans la démo mais pourront être débloquées dans la version finale. Difficile de ne pas voir dans cette générosité une confiance certaine des développeurs dans leur projet. Ils ont toutes les raisons d’être fiers, car Type-0 semble bien parti pour être une réussite.

Entrée en matière

La première cinématique de cette démo met directement dans l’ambiance de Type-0 : la guerre et ses horreurs n’y sont pas occultées. Quelques instants suffisent à voir des morts violentes, puis un personnage et son chocobo, agonisants, au milieu d’une ville en feu. Certaines cinématiques du jeu utilisent le moteur 3D mais sont enregistrées comme s’il s’agissait de séquences pré-calculées, leur donnant ainsi un rendu de meilleur qualité que les scènes entièrement en temps réel. Les graphismes et les effets visuels y sont plus fins, renforçant la mise en scène et l’atmosphère infernale. Pas de musique, juste le grondement des flammes, le bruit des armes, les paroles étouffées des personnages à bout de forces. C’est sans doute pour s’accommoder de ces scènes intenses que le jeu final sera sur 2 UMD.

Après quelques pas sur la place de la fontaine devant l’imposant Peristylium Suzaku, l’académie de magie où étudient les 14 héros de l’aventure, on peut entrer dans le salon, le véritable cœur de la démo. Tout commence par un didacticiel, assez utile pour apprendre rapidement les rudiments du système de combat. Mais avec autant de personnages jouables, il ne s’agit que d’une introduction aux bases du combat : chaque combattant a son propre style, lié à son arme, et les magies elles-mêmes se comportent de manières différentes selon leurs modificateurs. L’apprentissage continue alors à travers les missions, chacune semblant ajouter un élément décisif au système. C’est en parlant aux Moogles qui viennent progressivement s’installer autour de la table du salon qu’on peut ainsi lancer les hostilités.

Les missions, une par une

Chaque mission commence par une courte séquence d’aéronef automatisée sur une carte du monde tachetée de flammes. Ensuite, il est temps de préparer ses combattants. Dans la démo, seuls 7 des 14 personnages jouables sont disponibles, ce qui constitue néanmoins une bonne réserve. L’équipe active en combat se compose de 3 personnages, un seul étant contrôlé par le joueur. Il peut tout de même passer de l’un à l’autre en appuyant sur L puis sur la touche droite, mais cette manipulation est peu agréable en plein combat. Chaque personnage dispose de quatre actions : l’attaque basique avec triangle, la capacité spéciale avec rond, la magie d’attaque avec carré (le plus souvent à maintenir pour incanter) et la magie de soin ou l’esquive avec croix.

– Opération : fuite de l’empire (difficulté : normale)
Alors qu’ils sont en mission en plein cœur de la capitale de l’empire de Milites, les élèves de la classe zéro sont repérés par l’ennemi. Ils doivent maintenant tout faire pour fuir en sécurité, mais c’est sans compter sur l’irruption d’une nouvelle machine de guerre de l’armée impériale.

La première mission met immédiatement le joueur dans le bain. L’action se déroule dans la capitale de l’empire de Milites, imposante et verticale, plongée dans une ambiance crépusculaire stupéfiante. On découvre vite que les champs de bataille de Type-0 sont divisés en une série de petites zones avec un nombre limité d’ennemis à combattre. Comme la démo est installée sur le memory stick, les chargements courts ne nuisent pas au rythme de jeu, assez soutenu. Après avoir combattu quelques soldats et un robot plutôt coriace dans les rues larges, l’attaque d’un énorme robot contraint les héros à se réfugier dans un bâtiment, où les quelques batailles sont alors bien plus à l’étroit. Là, particulièrement contre un géant des neiges, la visibilité est difficile à cause d’une caméra capricieuse.

Lors de la première tentative, le premier personnage choisi a de fortes chances de mourir, auquel cas il faut passer à un autre. En appuyant sur L puis la touche haut, il est possible de sélectionner un personnage de réserve pour poursuivre la mission. Il faut ainsi épuiser tous les combattants pour obtenir un game over, ce qui laisse une bonne marge de manœuvre. Néanmoins, chaque personnage ayant un style de combat qui lui est propre, il faut reprendre les habitudes liées à leurs attaques de base et à leurs magies. Le boss de fin de niveau, un béhémoth assez violent, demande également de faire un bon usage de l’esquive. Mais finalement, malgré la tension, cette mission a un étrange parfum de mélancolie, rehaussé par les deux étonnantes musiques au piano qui se lancent avant les combats.

– Bataille à Judecca (difficulté : élevée)
Suite à une attaque de l’armée de Sôryû, les troupes alliées ont perdu leur aéronef et sont en position défavorable face à l’ennemi. Le haut commandement de Suzaku a envoyé un nouvel aéronef les recueillir. La classe zéro doit combattre l’armée de Sôryû et atteindre le point d’exfiltration.

C’est dans un superbe paysage de glace qui n’est pas sans rappeler le lac Bresha de FFXIII que se déroule cette deuxième mission. Dès le premier écran, une belle frayeur attend le joueur avide de combat : un gigantesque dragon à trois têtes qui détruit littéralement le décor, ce qui fait trembler le sol et perdre une poignée de PV aux personnages. Il disparaît heureusement bien vite, laissant place à des dragons de taille plus modeste et à des bombos. L’occasion de mesurer l’utilité des deux seuls personnages de la démo qui peuvent réaliser des attaques physiques à distance, Ace et King. Après avoir verrouillé la cible en maintenant R, ils peuvent en effet atteindre les dragons alors qu’ils planent au-dessus du vide et frapper les bombos en restant hors de portée de leur éventuelle explosion.

Une particularité assez étonnante des attaques avec triangle vient du fait qu’il suffit de maintenir la touche pour enchaîner les coups. Pas de martelage intensif, donc. Cela permet d’apprécier toute l’élégance de leur gestuelle, les combats étant d’autant plus maniables. Et s’il y a bien une occasion de faire preuve de dextérité, c’est lorsque des ordres spéciaux (Special Orders) sont proposés. Ces objectifs secondaires et facultatifs apparaissent très souvent en cours de mission. Il peut s’agir de tuer un certain nombre d’ennemis, de ne pas subir de dégâts, de ne pas laisser d’alliés mourir ou encore de réussir un enchaînement d’un certain nombre de coups, le tout dans une durée limitée. Accepter un ordre confère le plus souvent un effet positif sur les personnages, Carapace par exemple.

Cette deuxième mission accomplie, il devient possible de visiter une petite ville, Akvi (l’orthographe anglaise définitive sera sans doute différente). C’est un endroit modeste mais peuplé de nombreux habitants, dont un marchand vendant des accessoires améliorant les statistiques des personnages.

– Opération : prise du grand pont (difficulté : très élevée)
Alors que la situation se détériore et que l’armée impériale semble plus puissante que jamais, le haut commandement de Suzaku décide de tenter une attaque à revers. Pour cela, il envoie la classe zéro percer les lignes ennemies au grand pont, un point stratégique à la frontière entre les deux pays.

C’est par des accords de guitares étrangement chaleureux que débute cette mission longue et difficile, dans laquelle la classe zéro doit affronter de nombreux robots magitech. A cette occasion, une autre particularité du système de combat se révèle extrêmement utile : le système de Break Sight et Kill Sight. En maintenant la touche R pour verrouiller une cible, il est parfois possible de voir surgir un symbole circulaire jaune ou rouge sur celle-ci. Si l’on réussit à frapper l’ennemi au moment où ce symbole devient visible, cela lui inflige de gros dégâts et l’immobilise un court instant (Break Sight) ou le tue tout simplement en un coup si sa barre de PV est déjà bien entamée (Kill Sight). Il faut guetter le moment où l’adversaire prépare son attaque pour riposter. Très efficace contre les robots.

En cas de difficulté, il est également possible avant chaque mission d’activer un faux mode multijoueur, censé imiter le vrai. Les deux seront dans la version finale. Des PNJ de niveaux aléatoires surgissent ainsi à la place des élèves de la classe zéro pour aider le personnage jouable. Ils restent dans le groupe pendant une courte durée mais, selon leur niveau, peuvent grandement influencer l’issue d’un combat. Néanmoins, quand on refait plus tard la mission, il est préférable de désactiver l’option pour aider les élèves de la classe zéro à monter en niveau. La démo permet en effet d’augmenter le niveau des personnages et même de leur apprendre de nouvelles capacités à l’aide des AP recueillis. Un bon moyen de réussir les missions plus rapidement, chacune étant en effet notée à la fin.

– Opération : infiltration au cœur de l’empire (difficulté : impossible)
Une forêt éloignée du front. Profitant du mauvais temps, la classe zéro tente d’atteindre une base de l’armée impériale pour libérer les civils qui y sont prisonniers. Mais en chemin, ils tombent nez à nez avec un bataillon impérial de retour du front et doivent engager le combat dans une situation très difficile.

Et c’est effectivement au milieu d’une purée de pois que se déroule cette périlleuse mission. Est-elle réellement impossible ? Naturellement, non. Mais un premier contact avec les énormes robots qu’elle demande d’affronter est décourageant à plus d’un titre, car ils sont capables de tuer les personnages d’un seul coup. Pour réussir, il est indispensable d’utiliser les invocations, ou « dieux de la guerre ». DansType-0, celles-ci sont à utiliser en dernier recours, car les appeler revient à sacrifier le personnage. En contrepartie, elles sont extrêmement puissantes. La démo permet d’invoquer Golem et Shiva, le premier peut facilement écraser les ennemis tandis que la deuxième est capable de les figer instantanément dans la glace. Cette méthode permet de venir rapidement à bout de cette mission.

Les invocations peuvent également monter en niveau et apprendre des capacités dans la démo. L’EXP et l’AP nécessaires sont gagnés en temps réel lors des combats, à chaque ennemi vaincu. La démo, en revanche, ne permet pas d’améliorer les magies : le système d’Altocristarium qui le permettra est bien présent dans le menu des points de sauvegarde, mais on ne peut que regarder les informations sur les magies élémentaires et leurs améliorations possibles. Les différents personnages étant néanmoins équipés de magies de différents types, il est possible d’apprécier la diversité des situations. Le type de magie le plus surprenant est le « Blizzard ROK » (ROK pour roquette) de Queen, qui demande d’orienter manuellement la direction du projectile magique avec le stick analogique.

Impressions

Avec tout cela, il n’est pas étonnant de passer 4 à 5 heures sur cette démo, le temps de faire et refaire les missions pour améliorer ses personnages et pour collecter les fameuses tenues d’été. Celles-ci sont disséminées un peu partout, en récompense de mission, de quête ou même à acheter. Ainsi la démo promet un contenu copieux, un système de jeu riche et une bonne durée de vie pour la version finale. Si le scénario est simplement effleuré dans cette démo, l’univers déjà visible laisse présager d’une ambiance très attirante, renforcée par une direction artistique tout à fait réussie : Type-0 a une couleur particulière, une teinte orangée habilement restituée dans les différents environnements. Sans être trop envahissante, elle donne au jeu un cachet qui s’accorde aux flammes de la guerre qu’il illustre.

Néanmoins, le réalisme de la guerre que les développeurs prétendent restituer reste tout de même très axé sur la fantasy. Pas de manœuvres stratégiques, pas de situations crédibles : Type-0 reste avant tout un RPG type action, où la guerre est propice à une ambiance tendue, chargée en sentiments contradictoires et en séquences douloureuses. Inutile donc de s’étonner en constatant qu’un groupe d’une demi-douzaine d’élèves réussit à terrasser plusieurs robots lourdement armés. Pourtant les champs de bataille ont une réelle intensité. Entre les animations des alliés et des ennemis, les éclats de magie, la musique dramatique, les annonces qui crépitent dans la radio, tout est là pour plonger le joueur dans le contexte de guerre. Les quatre missions proposent qui plus est des situations assez variées.

Naturellement, cette première démo a permis de mettre le doigt sur les rares défauts objectifs du jeu. Ils sont au nombre de deux : d’une part, la gestion de la caméra dans les espaces étroits et au moment où une cible est verrouillée, d’autre part, l’usage peu pratique du système de Fantoma. Ce dernier permet de récupérer les « fantômes » des ennemis terrassés pour regagner quelques PM et, surtout, améliorer les magies dans l’Altocristarium. Mais la manipulation nécessaire est un peu trop longue et manque de précision, ce à quoi il faut ajouter la disparition trop rapide des corps et la difficulté de les verrouiller quand d’autres ennemis toujours en vie sont dans la zone. Après la sortie de la démo, le réalisateur Hajime Tabata a néanmoins promis de corriger ces défauts d’ici à la sortie.

Cela ne retient en rien cette démo d’être tout à fait convaincante, encourageante pour la qualité de la version finale. Si elle se concentre principalement sur le déroulement des missions et le système de combat au détriment de l’exploration libre, elle démontre qu’il n’y a pas besoin de voir la carte du monde à l’ancienne pour être séduit par le style et l’univers de Type-0.
La sortie japonaise est prévue pour le 13 octobre prochain sur PSP. On ne sait pas encore par quel biais le jeu arrivera en Europe, mais les ambitions qu’il affiche mériteraient peut-être d’atteindre une autre console… Alors que Sony a lancé un programme de transfert de jeux PSP sur PS3, Final Fantasy Type-0 figure parmi les candidats les plus évidents.