Test : Final Fantasy X/X-2 HD Remaster

Editeur : Square Enix
Développeur : Virtuos
Support : PlayStation 3, PlayStation Vita
Genre : RPG
Dates de sortie :
– Japon : 26 décembre 2013
– Amérique du Nord : 18 mars 2014
– Europe : 21 mars 2014
Site officiel : http://www.finalfantasyxhd.com/

Curieusement, Square Enix aura attendu longtemps avant de se lancer dans les remasterisations HD de ses titres PlayStation 2. Mais lors de la sortie de Kingdom Hearts HD 1.5 ReMIX, on comprenait déjà un peu mieux pourquoi : l’éditeur n’oserait jamais nous proposer un portage rapide, bâclé et chiche en contenu. L’arrivée de Final Fantasy X/X-2 HD Remaster confirme cette impression. Si cette compilation aura mis autant de temps à arriver, alors qu’elle a été annoncée en septembre 2011, c’est parce que Square Enix a voulu nous proposer un menu le plus complet possible.

Du coup, un simple rappel du contenu de FFX/X-2 HD Remaster reste le meilleur point de départ pour comprendre que l’éditeur ne s’est pas moqué de nous : nous avons Final Fantasy X et Final Fantasy X-2 entièrement adaptés en HD, dans leurs versions International encore plus complètes (et inédite en Occident pour X-2). À cela s’ajoute la vidéo L’éternelle Félicité de 15 minutes, servant de lien entre les deux histoires, et l’épisode jouable Last Mission prenant place après la fin de FFX-2. Ce dernier comporte un gameplay inédit basé sur l’exploration d’un nouveau donjon, à essayer. Enfin, il y a ce fameux épisode audio de 30 minutes écrit par le scénariste Kazushige Nojima, dont on ignore encore s’il est là pour tâter le terrain ou s’il sous-entend qu’un nouvel épisode est déjà sur les rails. J’imagine que l’éditeur attend les réactions des joueurs avant de se décider, mais en ce qui me concerne, je resterais assez méfiant sur le principe.

Comme il s’agit d’une remasterisation HD, les jeux se déroulent exactement de la même façon qu’à l’époque de leurs sorties d’origine. Les mécaniques de jeu sont strictement les mêmes, la mise en scène des cinématiques reproduite à l’identique, les dialogues et les doublages directement repris des jeux PS2… La seule différence vient donc de l’adaptation des visuels au format HD de la PS3 et de la Vita. Mais pour cela, Square Enix ne s’est pas contenté d’optimiser les graphismes. Ils ont fait appel à un développeur externe chinois, Virtuos, qui a notamment effectué un travail remarquable de remplacement des textures 3D et des décors précalculés. Que ce soit dans FFX ou X-2, le monde de Spira a été reconstitué avec un soin incroyable et j’ai pris un immense plaisir à le redécouvrir. La terre, l’eau, la végétation, les monuments, même les inscriptions sur les murs ou les panneaux : tout a été affiné avec un soin tel qu’on découvre même de nouveaux détails. Sur PS3, tout particulièrement, le résultat est d’une grande finesse. Je regrette un léger flou rendant les décors moins saisissants sur Vita, mais ils restent très beaux malgré tout.

Ce remplacement concerne également les héros, notamment dans le cas de FFX, où les modèles 3D des personnages jouables ont été totalement refaits. Le résultat est globalement réussi (Lulu est plus belle que jamais), mais force est de constater que dans le cas de Tidus, quelque chose ne va pas. Il faut un certain temps pour s’habituer à son visage curieusement lissé et à la modélisation assez grossière de ses cheveux, détail d’autant plus notable dans les scènes où l’éclairage est le plus vif. C’est dommage, car les premières images révélées montraient un modèle 3D plus abouti. Manifestement, les développeurs ont rencontré un problème quelque part. En guise de consolation, les modèles 3D dits low polygon (à nombre de polygones réduit), utilisés lors des cinématiques intermédiaires, sont beaucoup mieux rendus que sur PS2.
Dans le cas de FFX-2, la version PS2 proposait déjà des animations des visages plus détaillées que FFX. Elles ont été fidèlement reproduites en HD, ce qui me donne le sentiment que des deux épisodes, c’est bien X-2 qui a bénéficié de la meilleure remasterisation graphique.

Profitant de l’affichage élargi, les développeurs ont également recréé le design du menu principal et des menus de combat, et la police d’écriture a été actualisée. Aucune raison de chipoter : tout est très fluide et respecte la charte visuelle des jeux d’origine. En vérité, finesse de la HD et de l’affichage 16/9 aidant (même sur Vita), c’est même beaucoup mieux comme ça. La question de la vitesse des chargements dépend elle de la console. Sur PS3, seul le chargement initial avant l’écran titre me semble pesant, le reste est rapide. Mention spéciale à l’ouverture du menu principal, en une fraction de seconde. Sur Vita, en revanche, le délai de chargement des monstres et des personnages au début de chaque combat est notablement lent. Sur la portable toujours, on peut noter des ralentissements malvenus pendant certaines cinématiques. Même si la qualité générale du portage Vita est élevée, la version PS3 reste la plus fluide. Notons au passage qu’un système permet de transférer ses sauvegardes entre les deux versions.

L’un des éléments les plus polémiques est la présence d’une bande originale réarrangée pour FFX. Les 2/3 des pistes ont été revisités par une équipe formée notamment de Junya Nakano et Masashi Hamauzu, qui avaient travaillé avec Nobuo Uematsu sur le jeu original. Naturellement, on est tenté de comparer les pistes d’origine avec leurs nouvelles versions, mais je dois bien admettre qu’en jouant, je me suis simplement laissé prendre par l’aventure et je n’ai que très rarement tiqué sur les nouvelles instrumentations. C’est vrai, il y a certaines pistes pour lesquelles j’aurais préféré conserver les versions PS2 car elles étaient déjà très bien. En comparaison, il y a quelques arrangements tout à fait remarquables, particulièrement ceux de Hamauzu, qui a insufflé sa sensibilité actuelle dans ses morceaux de l’époque. Du coup, les thèmes de Besaid, de la Plaine foudroyée, du mont Gagazet ou encore des ruines de Zanarkand ont gagné au change.
Musicalement, FFX-2 n’a pas changé. Les pistes programmées à partir de la puce PS2 ont simplement été remplacées par les versions OST, dont les instruments sont de qualité légèrement supérieure. Du coup, la bande originale garde son côté léger un peu fade.

J’ai en tout cas retrouvé ces deux jeux avec grand plaisir, et tout particulièrement FFX, qui reste une œuvre exemplaire dans la série. Je craignais que le temps ait eu sur lui un effet négatif, mais je suis heureux de constater qu’il n’a rien perdu de sa superbe. Avec son mélange ingénieux de vitesse et de stratégie, le système de combat est toujours une réussite. Mais le plus marquant, pour moi, reste l’univers riche et empreint de magie. FFX-2 me laisse toujours un peu sceptique : malgré son système de jeu généreux, ses moments les plus pop ne m’inspirent plus rien, voire pire.
Final Fantasy X/X-2 HD Remaster n’en reste pas moins la compilation ultime pour tout fan de ces épisodes, et les choix pris par Square Enix sur certains points n’assombrissent en rien la qualité générale des portages. Maintenant, je prie de tout mon cœur pour que Final Fantasy XII, épisode exceptionnel, trouve lui aussi la voie de la HD.